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KANDINSKYANA, promenade avec le Cavalier Bleu

22 November 2019 – 31 January 2020
Printemps photographique – Nîmes

solo exhibition

Bibliothèque Universitaire Site Vauban
Université de Nîmes
1, rue du Dr Salan – Nîmes

PRINTEMPS PHOTOGRAPHIQUE
La mer qu’on voit danser

BEN GRAVILLE (Royaume Uni)
PAOLA MONGELLI (Italie)
MARC DUMAS (France)
JUAN-CARLOS ALOM (Cuba)

du vendredi 22 novembre 2019 au 31 janvier 2020
Bibliothèque Universitaire Site Vauban / Galerie NEGPOS
http://negpos.fr

Paola Mongelli

KANDINSKYANA

promenade avec le Cavalier Bleu

“L’œil ouvert et l’oreille vigilante transforment les moindres secousses en expériences grandioses. Comme des explorateurs qui s’enfoncent dans des pays inconnus, nous faisons des découvertes dans la dimension quotidienne, et notre milieu, habituellement muet, commence à parler un langage toujours plus clair. Aussi les signes morts déviennent des symboles vivants, et ce qui est mort devient vif.” Ainsi écrivait Vassily Kandinsky en 1926 dans “Point et ligne sur plan”.

Le traité et le texte “Le spirituel dans l’art” que j’ai lus à l’âge de 20 ans, ont nourri mes premières expériences artistiques au tout début de ma formation. Ses théories sur l’art et sur la composition ont une grande valeur sur le plan mystique et spirituel, plus encore que sur le plan esthétique. Aujourd’hui, je me rends compte combien la pensée sur l’art et sur la vie de ce grand artiste m’a profondement marquée.

J’ai eu la chance de m’y replonger grâce à la mer, en me promenant le long d’une plage de Bretagne un après-midi d’hiver …

C’était les derniers jours de l’année, l’air était glacial et la lumière voilée. Sous mes pas, des formes et signes luisants étaient disséminées sur un immense tapis de sable, pièces encore humides que la mer venait d’abandonner.

Tout à coup le ciel et la mer, très présents jusque là, me sont alors dévenus invisibles et j’ai senti fort un appel… j’ai eu la sensation qu’un cavalier mystérieux, arrivé de très loin, me prenait par la main et m’invitait à la peinture. J’ai pris mon appareil photo et j’ai commencé à composer des tableaux.

J’étais comme suspendue entre l’abstraction et le concret, à découper, avec le cadre de mon viseur, des compositions qui fragmentaient, dans ma perception, l’unité de cette étendue démesurée.

Je n’ai rien dû déplacer ou altérer, il n’y a rien à améliorer quand la nature donne son spectacle.

J’ai arrêté de penser, et une voix a rejoint mon oreille pour me murmurer : “ce sont les configurations qu’on donne aux éléments, et non pas les élements même, qui leur confèrent tension, énergie et transforment la réalité inerte en pulsion vitale … quand tu crées des rélations à l’intérieur du champ, naissent les vibrations qui font palpiter la matière de couleur et de forme … ce n’est que dans l’expérience de la vision que la réalité s’anime … c’est notre regard qui donne au monde son sens.

La mer m’a offert l’occasion de rendre hommage à Kandinsky à travers cette série de photographies. Je remercie ce maître qui m’a appris à ne pas séparer le matériel de l’immatériel, de percevoir le sacré dans l’ordinaire.

Il m’a permis de me fondre un peu dans son esprit oriental qui reconnaît dans le caractère instable et transitoire de tout ce qui existe, la vraie beauté et la vraie richesse de la vie.

Et si, comme Aristote nous le dit, “l’âme est la forme du corps”, il arrive qu’on s’égare en rêfléchissant sur le sens de la vision, sur la dicotomie forme/contenu, sur les liens entre l’essence et l’apparence, avec le risque de tomber amoureux de chaque cadre du film de l’existence… et pour cela, la photographie est le complice idéal!